Chronique du lundi 12 juillet 2021- La retraite, ça craint..
Effets indésirables mais attendus de la retraite !
Pourtant, j’étais prévenue. L’infirmière en Santé et Sécurité de mon entreprise me l’avait prédit; une fois à la retraite nos capacités cognitives s’évaporent comme neige au soleil. Évidemment, gonflée d’orgueil et de vanité, je ne l’avais pas crue. Deux ans et demi plus tard, force est de constater qu’elle n’avait peut-être pas tort. Le choc est rude, je ne pensais pas tomber aussi bas. D’ailleurs je n’avais pas l’intention de vous conter ma mésaventure mais comme d’autres se gaussent à qui mieux mieux de mes bêtises, autant en faire une chronique !
On cherchait à accroître les locataires de notre basse-cour. Un petit tour sur Internet m’apprend que le prix des poussines a pris l’ascenseur, poussé par la vague verte sans doute : CHF 30.- et jusqu’à CHF 35.- la poussine ! Sont fous ! Je cherche encore et trouve un pékin qui en vend à CHF 25.-, le prix habituel. Ouf ! Séance tenante, nous partons en quête des jolies gallinacées au prix raisonnable. Arrivées sur place, le temps est épouvantable (là, je dresse le contexte où chaque détail n’est présenté que pour excuser les faits qui vont suivre), donc, il pleut. Nous nous dirigeons vers une cahute en bas du pré. Le terrain est boueux et glissant. Tant bien que mal, je me faufile dans cette baraque où il faut rester plier pour ne pas heurter le plafond. Première erreur : Michèle reste à l’extérieur. Pourtant, il y a belle lurette que je connais ma nullité à négocier un prix. J’ai toujours délégué cette tâche sachant qu’elle serait de toute façon mieux faite et si aujourd’hui, nous avons 35 mètres de jardin devant nos fenêtres au lieu du mur d’un immeuble, ce n’est pas grâce à moi !
Bref, ça foisonne, ça volette, ça caquette et là, le gars qui me présente sa troupe me dit : « Bon, alors je vous en mets trois pour CHF 100.- » et moi de répondre sans la moindre hésitation ! « D’accord ».
Peut-être que tête pliée, mon cerveau n’était pas assez irrigué, j’opte plutôt pour la déconnexion totale… Mais, ce n’est pas tout ! Il me demande de choisir et après une poussine beige, je vois une costaude noire. En y regardant de plus près, alors que le gars me demande une confirmation, j’ai un doute. Haut sur pattes, le corps en V, dans ma tête, je me dis : – mais c’est un coq, non ? Hélas, ces paroles pertinentes restent dans ma tête et j’embarque la costaude noire à laquelle j’ajoute une très jolie poulette noire et brune.
J’ai commencé à reprendre mes esprits dans la voiture où les cours élémentaires de mathématique ont refait surface. Je ne vais pas m’étaler sur les sentiments ressentis pendant le trajet de retour, il y a des pans de notre histoire personnelle qu’il vaut mieux oublier.
Bref, je m’étais fait roulée, mais tellement facilement qu’une réclamation n’aurait rendu les choses que plus difficiles. Toutefois, j’ai été à moitié rassurée (mais à moitié seulement) lorsque Lulu a chanté pour la première fois. Oui, j’avais vu juste ! C’était bien un coq ! Piètre consolation me direz-vous ? Pas vraiment. Lulu est un bon coq et il fait bien son job de coq. Finalement nous sommes assez contentes de l’avoir parce les poules sont amusantes certes mais des poules avec un coq, c’est encore plus drôle.
Heureusement, il ne chante pas trop. De plus, il a une particularité cocasse, il roule les r. Son cocorico est un cocorrrrrrrrico tout en douceur. Ainsi, Lulu, nom usuel de nos coqs, est devenu Luciano. Finalement, tout était bien qui finissait bien.
Jusqu’à il y a une semaine.
Soudain, alors que je profite de rares rayons de soleil caressants tendrement ma peau de lait, j’entends, provenant des tréfonds d’une gorge juvénile en pleine mue, j’entends, sans en croire véritablement mes oreilles (depuis l’aventure du poulailler bas de plafond, j’émets des doutes sur le mien), j’entends … un semblant de cocorico éraillé provenant de ma belle poulette noire et brune !!!
Impossible !!!
Elle a TOUT d’une poule, un petit cul tout rond, basse sur pattes, une crête plutôt discrète, c’est dingue. Je n’en reviens toujours pas !
Je ne vois qu’une explication, on m’a refilé une Trans. D’ailleurs, je l’ai appelée Lucette car impossible de lui dire « il ».
PS : Inutile de m’envoyer le prix de revient final de la jolie poussine beige, ma calculette électronique fonctionne tout à fait bien, elle.
Bel été à vous tous.
Evelyne Sottas
©Evelyne Sottas