Chronique du jeudi 7 juillet 2022 : Vive le sport
Le monde est formidable et insensé. Pendant que la cour suprême des EU joue à nous faire peur en promulguant la vente des armes pour tous, en supprimant le droit à l’avortement, en donnant carte blanche aux exploitants de pétrole et de charbon et en encourageant des juges texans à supprimer les droits LGBT, il y a 1’300 personnes qui ont commémoré la victoire de la bataille de Sempach de l’an 1386 ! Ça se passe dans le canton de Lucerne, je vous laisse consulter Wikipédia pour comprendre l’importance extraordinaire de cet événement. Et que dire aussi sur l’extraordinaire défilé (j’y étais) de tous ces pédés, lesbiennes et autres genres non genrés à Bulle !!! Bulle !!! les amis ! Mon lieu de naissance, dans la verte Gruyère, chez les pêvouê, les bouseux, les pedzouilles, les péquenots. Ah, mais quelle journée ! Trop bien et tout ce monde si bienveillant ! Enfin, y en a eu tout de même 60 qui ont fait un chemin de croix et prié à la chapelle des Marches pour » ces âmes égarées et l’abomination de ce que propose cette communauté » (sic).
Bref le monde devient difficile à suivre, la politique, les grands débats de société, ça fait mal à la tête, aussi en ce mois béni de juillet, je me tourne vers le sport ! Valeur sûre, à n’en pas douter. Quoique ? Il y a longtemps que le Paris-Dakar ne part pas de Paris et n’arrive pas à Dakar non-plus. Mais Wimbledon reste Wimbledon, pensais-je, capitale du conservatisme old fashion Club, tenue blanche exigée, tout serait parfait, sauf que blanc n’est plus la couleur de son âme vendue sur l’autel de la stupidité pour avoir interdit les joueurs/euses Russes. Tout fout le camp !
Je zappe sur le foot féminin, coupe d’Europe, s’il vous plait ! Le foot est de qualité, beau spectacle jusqu’à ce que je réalise que TOUTES, je dis bien toutes les footballeuses portent des cheveux longs. Non mais, elle court pour l’Oréal ? Paraît que ce sont les fédérations qui encouragent à porter les cheveux longs. Ben ouais, faudrait pas effrayer le peuple et mesdames si vous voulez jouer au foot comme les mecs, faudrait pas vous croire égales pour autant. Il convient de garder votre place et votre place est de rester féminine et donc de porter crinière au vent. Mais qui a dit qu’une femme aux cheveux courts n’était pas féminine et puis quoi, pourquoi pas vouloir être juste ce que l’on est, masculine, féminine, autre ? Allô ! Non mais, allô quoi ! Et voilà ces bécasses avec queue de cheval, chignon haut, chignon bas, emmerdées avec leurs tiffes qui virevoltent, ah ben oui parce que les cheveux longs c’est super pratique pour le sport. Et que çà se mets des bandeaux, des élastiques, des jolies barrettes et quoi encore ! Pas une pour sauver le groupe. Tout ça me fout en rogne et me prend la tête, je zappe à nouveau.
Ouf, sauvée par le Tour de France ! Là, je ne risque pas d’être déçue même si le tour de France ne reste plus en France. Cette année, il est parti du Danemark, passe par la Belgique et la Suisse pour mon plus grand plaisir ! Je ne vous l’ai encore jamais dit mais je suis fan du Tour de France ! Je ne saurais même pas vous dire pourquoi ! Ça m’est tombé dessus un jour où j’avais baissé ma garde, le virus a pris possession de moi et aucun scandale, aucun dopage ou tricherie n’ont réussi à me guérir. Peut-être que c’est à cause de l’inutilité de la chose. Souffrir pendant 3’200 km en faisant le porteur d’eau, sans connaître la moindre gloire ou faire 160 km en tête de course, le vent dans le nez, tout en sachant que vous n’avez aucune chance de gagner. Il y a aussi celui qui est seul en tête à 5 km de l’arrivée avec 2 minutes d’avance, et qui se fait dépasser par une meute sanguinaire sur leur petite reine à 15 mètres de la ligne blanche. Mais il y a aussi, le panache de celui qui attaque, au bout de lui-même et qui arrache la victoire après une chevauché héroïque ! De l’émotion à l’état pure. Toute l’humanité défile jour après jour sur le parcours du tour, la tragédie n’est jamais loin, la gloire non plus, mais aussi le dévouement, le sacrifice de soi, la sueur, la solidarité. Parce que vous ne comprendrez jamais rien aux courses cyclistes de plusieurs semaines, comme le tour de France, si vous croyez que c’est chacun pour soi et qu’il suffit d’être le roi sur sa bécane. Que nenni ! Le champion n’est rien sans son équipe. Et pédaler comme un veau n’apporte aucune victoire s’il n’y a pas de réflexion et de stratégie. Les critères sont multiples et donnent une profondeur à la narration. Il y a le parcours : plat, vallonné, en montagne. Il y a les coureurs : poids plume et sec – les grimpeurs, les géants musculeux – les sprinters, les moyens tout terrain – les baroudeurs, en général ceux qui prennent l’échappée. Bref, tout un monde avec ses défauts et ses qualités qui écrivent les différents chapitres, année après année.
Je pourrais continuer encore longtemps mais après l’étape incroyable de hier (Lille – Arenberg et les pavés de l’enfer), je ne peux pas attendre plus longtemps et file devant mon écran en attendant de vous donner rendez-vous à Lausanne, samedi ! C’est la fête, venez !
Evelyne Sottas
©Evelyne Sottas